29 juillet 2008
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On n'apprécie vraiment une ville que lorsque l'on a admis son unité. Celui qui se révolte contre la périphérie et cherche le centre d'intérêt reconnu alors qu'il est déjà au coeur de la ville n'est qu'un touriste écervelé qui ne mérite que d'être déçu. La plupart du temps, je suis cette touriste écervelée, incapable d'apprécier une ville qui m'est étrangère parce que sa part d'inconnu me semble hostile. J'ai alors l'impression que chaque rue se moque de moi et s'amuse à me glisser entre les doigts. Très vite vaincue, je renonce à poursuivre ma marche et décide d'un lieu qui sera provisoirement un peu plus le mien que le reste de la ville et je rêve, nostalgique, de ma ville. Seule Paris bénéficie de mon indulgence sans borne, je la magnifie dans sa totalité et ces mêmes rues qui auraient pu me rire au nez si elles avaient été celles d'une ville inconnue, deviennent des camarades de complicité, quelque chose qui, au cinéma, se traduirait par l'image d'une jeune fille en robe qui marcherait lascivement dans les rues en caressant d'un doigt ou de deux des murs mis en mouvement par son pas lent et romantique. Je connais ce que j'aime, souvent je le domine, je n'accepte pas avec plaisir la découverte d'un lieu auquel je devrais me livrer sans réserve, il me faut toujours pouvoir le jauger, prendre du recul, m'éloigner de la sensation brute d'une première fois. Dans la vie quotidienne, aussi, nous connaissons tous cette impression de perdre les pédales devant l'imprévu, d'être livré à ce qui nous dépasse : cela ressemble à un train qui déraille, l'on se sent tout à coup à la merci de ce qui n'est pas de notre ressort. Certains apprécient ce vide sous leur pieds, je le déteste et le crains. Je le déteste malgré sa richesse, malgré ce sentiment rétrospectif qui nous dit que l'expérience était profitable et qui cherche à nous amadouer en vantant ce plaisir qui n'est en vérité rien d'autre que la joie de retrouver ses rails. Je ne suis pas faite pour le voyage, je crois, parce que je cherche en vain à m'épanouir là où je ne devrais que contempler, je cherche des repères là où je ne fais que passer. Quel apport pourrait me venir d'un lieu étranger si celui-ci est condamné à me rester étranger ? Que vive la stabilité et une once de conservatisme, hein.